CSE Central du 2 juin 2020

Chômage partiel chez Capgemini : l’arnaque

Vendredi 19 juin 2020, par Jean // Les entités de l’UES

Ce CSEC était le 3e, et le dernier, consacré au chômage partiel appelé officiellement activité partielle. La nouveauté, c’est la présentation d’un rapport fait par une expertise externe, qui fournit des chiffres au niveau économique et social.

 Cela ne va pas si mal

Capgemini est évidemment impacté par le ralentissement économique lié à l’épidémie du covid-19. Mais, contrairement au discours catastrophiste de la direction, les résultats ne sont pas si mauvais que cela sur la France. Au 2e trimestre 2020, qui devrait être le plus mauvais de l’année, le chiffre d’affaires toutes entités opérationnelles confondues sur Capgemini France ne devrait reculer que d’un peu plus de 10 % par rapport au 2e trimestre 2019, soit moitié moins que l’économie française, et la marge opérationnelle, qui donne une bonne idée de la rentabilité, devrait même rester légèrement positive. Et tout cela devrait s’améliorer au second semestre. L’année 2020 sera probablement en net recul par rapport à 2019. Capgemini France pourrait éventuellement perdre de l’argent en 2020 sur la France, parce qu’il faut payer des royalties au groupe (les fameux « fees »), qui serviront entre autres à rembourser l’emprunt contracté pour acheter Altran et continuer à gaver les cadres dirigeants et les actionnaires.

 Ils ont tout dilapidé

Rappelons que le groupe a fait d’excellents résultats ces dernières années, notamment en 2019 et même aussi sur le 1er trimestre 2020. Capgemini France, qui représente environ le 1/4 du chiffre d’affaires, y a contribué. On pourrait naïvement penser que tous ces bénéfices accumulés, grâce au travail des salarié.e.s, auraient pu servir à passer sans problème le cap économique difficile lié au covid-19. Eh bien, non, la direction a tout claqué. Il y a quelques jours, ils ont encore distribué 230 millions d’euros de dividendes aux actionnaires et versé une retraite chapeau de plus de 900000 euros annuels au pdg Paul Hermelin... Et ils ne renoncent pas à leurs intentions de racheter des actions pour en faire monter le cours.

 Chômage partiel : ce sont les salarié.e.s qui paient la note

Après, tout en s’auto-congratulant pour leur bonne gestion, ils viennent pleurer qu’il n’y a plus d’argent. Et ils cherchent à faire payer la crise aux salarié.e.s et les somment de faire des sacrifices au nom de la « solidarité ». L’utilisation du chômage partiel en fait partie, et pour les salarié.e.s de Capgemini c’est la double peine. D’une part, 1/4 des salarié.e.s mis.e.s au chômage partiel auront vu leur salaire diminuer sur avril, et il y en aura probablement plus en mai et juin. D’autre part, tou.te.s les salarié.e.s de Capgemini, comme le reste de la population, vont financer, à travers les impôts et les taxes qu’ils paient, la subvention publique que touchera Capgemini au titre du chômage partiel.

 Une erreur de pronostic ou une erreur de com ?

Il faut noter que les chiffres contenus dans les déclarations de chômage partiel que la direction a effectuées auprès de l’État sont très supérieurs aux chiffres réels, que ce soit en terme de nombre d’heures de chômage partiel ou de nombre de salarié.e.s impacté.e.s. Une surestimation volontaire, dit la direction. En tout cas, une surestimation énorme, puisque le nombre d’heures de chômage partiel réellement imposées par la direction en mars-avril à ses salarié.e.s ne représente que 9 % du total d’heures prévues par les déclarations déposées par la direction auprès des services de l’Etat, et en extrapolant jusqu’à fin juin, cela devrait atteindre à peu près 22 %. On ne va pas s’en plaindre mais un écart aussi grand, de l’ordre de 1 à 4, ça interroge. Il peut y avoir 2 raisons à cela. D’une part, la crise économique que traverse Capgemini n’est pas aussi grave que la direction l’avait anticipée, ou du moins l’avait communiquée. D’autre part, la direction est peut-être devenue plus prudente après que des élu.e.s CGT, ou d’autres syndicats, aient dénoncé des mises au chômage partiel de certain.e.s salarié.e.s qui étaient illicites.

 Le CSEC se prononce timidement contre le chômage partiel

Pour en revenir au CSEC, les élue.es ont adopté à l’unanimité une motion. Nous l’avons votée même si elle s’oppose bien trop mollement au recours au chômage partiel par Capgemini. Nous l’avons faite modifier, nous avons fait enlever la raison qui était avancée par la CFTC, le chômage partiel va nuire à l’image de l’entreprise. Ce qui nous importe à la CGT, ce n’est pas l’image de Capgemini mais la défense des intérêts des salarié.e.s, notamment le maintien de leur emploi et de leur salaire.

 La direction : « droit dans ses bottes »

Le vote de cett e motion par le CSEC constitue de fait une critique de la politique de la direction. Cette dernière a réagi d’une façon édifiante, qui en dit long sur le fameux « dialogue social » dont elle se vante et qui est tant espéré par les autres syndicats : rien à foutre. Et la direction n’exclue pas de continuer le chômage partiel après le 1er juillet, notamment sur Invent et sur Dems.

Si vous avez des interrogations ou des soucis, n’hésitez pas à contacter vos représentant.e.s CGT

Via la Tractothèque participative Syndicoop.fr, plateforme syndicale et coopérative.